Zeta-Verein

Zeta Verein est le nom de l'association allemande qui a pour sujet principal la zoophilie.

Fondée en 2009 par Michael Kiok, l'histoire de cette association est plus qu'intéressante, et donne espoir pour bon nombre de zoosexuels à travers le monde.

Le podcast américain Zooier_Than_Thou avait dédié un épisode à cette association, revenant sur sa création, avec la participation de son fondateur, Michael Kiok.

Un article complet sur la génèse de cette association est disponible sur le site de Zeta-verein, en français, publié par "Charles Menni".


Cet article est disponible à l'adresse https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/02/la-zeta-verein-un-sonderfall-allemand-2/

Vous trouverez ci dessous une copie pour sauvegarde de la page en question.

La Zeta Verein : Histoire de la Première Association Zoophile

Retranchés dans des forums aujourd’hui déréférencés par les grands moteurs de recherche, nous sommes une grande majorité de zoosexuels à avoir pu contempler, impuissants, les récents développements juridiques en la matière. Avec le soutien de la loi, la violence faite à notre encontre s’est peu à peu nstitutionnalisée, que ce soit à coup de saisie, d’amende voir de peine de prison et même d’inscription sur des registres de délinquants sexuels.

Pourtant, il serait regrettable de perdre espoir et à ce titre, la Zeta Verein peut faire figure d’exemple en matière de zooactivisme. Cette association incarne une forme ouverte de résistance à l’encontre de la discrimination. Avec pour acronyme ZETA « Zoophiles Engagement für Toleranz und Aufklärung » (Engagement zoophile pour la tolérance et la connaissance), son travail consiste à l’heure actuelle à aider des étudiants et chercheurs pour leurs travaux ou à représenter la zoophilie que ce soit par des interviews pour des journaux, radios ou en participant à l’élaboration de films.

Tout a commencé en 2009. La communauté zoophile jouit alors encore d’une certaine liberté dans la grande majorité des État européens ainsi qu’aux Amériques et des forums en ligne avaient déjà permis à certains de rencontrer leurs semblables. En Allemagne, une refonte du droit de la protection animale en vigueur se faisait attendre. Et pour certains zoos, une chose était sûre, la zoophilie allait faire partie de débat et il fallait donc se préparer.

Michael Kiok et d’autres décidèrent donc de fonder une association. À ce moment-là, le projet avait toutes les raisons d’échouer. Il faut dire qu’en Allemagne une telle entité nécessite au moins 7 membres fondateurs, d’accords de confier leurs coordonnées et de signer les statuts. Chose faite, la Verein n’était de loin pas arrivée au bout de ses peines. Le comité décida de se présenter au tribunal pour valider son inscription au registre des associations et ainsi obtenir la personnalité juridique. Ce qui est en règle générale une simple question de forme se transforma en un parcours du combattant pour la Verein. Pour enregistrer une association de zoophiles, comptez au minimum 2-3 années de procédure, quelques milliers d’euros d’avocat, le tout pour n’essuyer que refus après refus. S’il a d’abord été reproché au but de l’association d’être « illicite », cela a été finalement la « contrariété aux bonnes mœurs » qui fut retenue comme motif final de refus[1].


2011 – 2013 le combat contre une potentielle incrimination

Association enregistrée ou non, le temps presse et l’année 2011 est déjà bien entamée. Les débats font alors rage sur facebook et la création de l’entité n’est pas restée inaperçue. Le 10 octobre 2011, PETA organise à ce sujet une conférence de presse. Les pratiques zoosexuelles y sont dénoncées et considérées comme violant déjà les dispositions pertinentes de la Tierschutzgesetz (loi sur la protection animale, ce qui est faux). Malgré la controverse, l’année 2011 ne marque pas un échec pour ZETA qui se félicite alors de la parution du film « Man loves Dog » ainsi que de son groupe facebook qui fonctionne bien. Toutefois, les évènements allaient ensuite s’accélérer.

Tout d’abord, c’est la supposée existence de bordels à animaux qui est dénoncée par des activistes. En effet, un groupe nommé Zoos4Zoos (ou ZooGruppe deutschland) proposerait des prestations zoosexuelles en échange de rémunération. Zeta conteste leur existence, il s’agissait-là d’une escroquerie remontant à l’été 2008 et contre laquelle la Verein avait déjà déposé une plainte. Le mode opératoire était assez simple : une personne proposait les services d’animaux, demandait des avances en argent pour trouver « la ferme la plus proche » puis disparaissait sans donner de nouvelles[2] . La position de Zeta Verein à ce sujet est claire : les bordels à animaux ne sont pas acceptables et si certains voient le jour, ils seront dénoncés aux autorités.

Néanmoins cette prise de position ne calma pas l’émoi causé par l’existence de la ZETA Verein. La nouvelle année 2012 s’illustra par un flot continu de lettres d’insultes et de menaces de mort à l’encontre des membres du comité directeur de ZETA[3], alors que des groupes facebook préparaient une croisade anti-zoo. Leur cause fut partagée par le Dr. Martin de la CDU, élue de Hesse, qui entendit proposer une disposition interdisant les pratiques zoosexuelles, élevage excepté bien entendu.

Parallèlement à ces affaires, la Zeta Verein décida de se lancer dans la lutte contre le Zoosadisme et adapta ses statuts en conséquence. Un premier succès ne se fit pas attendre alors que des zoos parvinrent à obtenir et à transmettre aux autorités l’adresse ip d’un suédois qui s’était filmé en train de commettre des actes de cruauté.

Cette convergence des luttes avec la protection animale n’emporta toutefois pas la conviction des activistes qui organisèrent le 24 mars 2012 une manifestation à Cologne. Sensée rassembler au moins 350 participants, ce fut finalement une centaine de personnes qui se présentèrent ce jour-là. Des zoophiles espérant ouvrir le dialogue sur le sujet y prirent aussi part. Vers la fin du rassemblement, des invectives émanaient de la foule et ce climat tendu déboucha sur quelques contacts physiques violents à l’encontre des représentants de la minorité sexuelle. Les zoos présents déclarèrent avoir sous-estimé l’effet de groupe et remercièrent les forces de l’ordre pour leur travail. En tout cas, les accusations de maltraitance à l’encontre des zoophiles ne faiblirent pas et le climat de haine envers ces derniers ainsi que le refus de certains activistes d’engager le dialogue ne faisaient plus l’ombre d’un doute.

Par la suite, le Zukunft Dialog organisé par la Chancelière et visant à définir les contours du futur de la Nation allemande allait donner de la visibilité à la lutte contre la zoophilie. En effet, les citoyen-nes avaient la possibilité d’y formuler des propositions. L’une d’elles émanant de Mme Ulla Saure et qui proposait d’interdire les actes à motivation sexuelle sur les animaux finit par figurer parmi les plus votées. Des activistes avaient eu pour idée de gonfler les résultats de cette proposition en votant plusieurs fois (quelques-unsse revendiquaient d’avoir pu voter 60 à 70 fois par jours !!) [4]. La presse ne manqua pas de relever cette manipulation des résultats[5] et les membres de la Verein signalèrent ces irrégularités aux autorités. La Chancelière déclara finalement que la protection des animaux en la matière était suffisante.

À en croire que les lettres de menaces, les calomnies et injures publiques, le harcèlement et tort moral causés, ainsi que les dénonciations incessantes aux services vétérinaires étaient à leurs yeux insuffisantes, des activistes décidèrent d’organiser une seconde manifestation, cette fois (devant) chez Michael Kiok. Ils pénétrèrent un chemin privé et informèrent ses voisins de son orientation sexuelle avec un but assumé : lui causer l’atteinte à la réputation la plus grande que possible, ce qui valut à Mr Kiok de recevoir les excuses de la police locale.

À partir de l’été 2012, les vétérinaires furent mobilisés pour ce combat. La Bundesverband Praktizierender Tierärzte (Association fédérale des vétérinaires praticiens) apporta son soutien à l’initiative contre la zoophilie. L’Opération Fair Play consistant à envoyer des questionnaires aux vétérinaires au sujet des cas de zoosexualité qu’ils auraient pu relever vint sceller cette alliance du médical au politique. La ZETA Verein regretta de ne pas avoir été consultée, déclarant la méthode inappropriée puisque les médecins ne remarquent pas les cas où les animaux sont bien traités. Le 1er septembre, une deuxième manifestation eut lieu cette fois à Köln et en l’absence de zoophiles. Des gens cagoulés y étaient présents et l’argument sur l’existence des bordels à animaux continuait de circuler et ce, malgré le fait qu’un journal n’ait trouvé aucune preuve de leur existence[6]. La fin de l’année marqua l’accélération du processus législatif et l’approche de l’interdiction ne trouvait pas que des adeptes alors que des experts en droit constitutionnel avertirent de l’incompatibilité d’une telle interdiction avec la tradition juridique libérale allemande[7]. Quant à la Zeta Verein, elle se défendit en faisant appel à des déclarations d’experts et organisa avec Equality for All le 1er février 2013 une projection de film en présence de journalistes et à laquelle aucun activiste anti-zoo n’a voulu participer.

Malgré tous ces efforts, la loi interdisant la zoophilie fut adoptée et son entrée en vigueur était prévue pour le 13 juillet 2013. Ce succès des anti-zoos ne marqua pas un coup d’arrêt dans leur soif de harcèlement et certains écrivirent au lieu de travail d’un membre de ZETA, afin de les inciter à se débarrasser de cet employé du fait de son orientation sexuelle. D’autres organisèrent une seconde manifestation devant chez ce même Mr Kiok le 28 juillet. Toutefois, malgré ces démonstrations et cette défaite législative, les zoophiles n’avaient pas dit leur dernier mot : il restait encore la voie judiciaire, la Bundesverfassungsgericht (Cour constitutionnelle fédérale allemande).


2013 – 2015 nullum crimen sine lege, alors cassons la loi !

Pour faire un recours en matière constitutionnelle, il faut payer des avocats spécialisés, ce qui implique des dépenses importantes. À cet effet, pouvoir stocker de l’argent dans un compte en banque affecté à l’association peut s’avérer très pratique. Une entité n’a pas besoin de s’être vue reconnue la personnalité juridique (d’avoir été inscrite au registre) pour ouvrir un compte, elle a « juste » besoin de trouver une banque qui est d’accord de lui en ouvrir un. Néanmoins, aucune banque n’est obligée d’accepter un client. Résultat, de peur de faire l’objet d’un naming and shaming (d’être pointé du doigt et déshonorée), ou du fait de menaces, aucune banque n’a accepté la ZETA Verein.

Malgré ces complications la Verein continua son travail habituel. Le 1er février 2014 la Zoophile Rights Day marqua l’un des premiers évènements majeurs suivant l’adoption de la loi et prit la forme d’une manifestation zoo sur la Potsdamer Platz. Parallèlement à celle-ci des activistes de la protection animale accompagnés de groupes d’extrême droite avaient organisé une contre-manifestation. Il n’y eut finalement aucun blessés grâce aux promptes interventions de la police. Côté pro-zoophiles, l’évènement fut marqué par un certain degré de diversité alors que des personnes de pays différents ainsi qu’une part plus importante de femmes s’étaient jointes à la représentation. À la fin de celle-ci, une conférence était organisée et un film fut projeté. Encore une fois, aucun opposant à la zoophile n’avait accepté d’y venir défendre leur point de vue.

Globalement les années 2014 et 2015 furent marquées par une plus grande représentation de la Zeta Verein dans les médias et par l’organisation annuelle des Zoophiles Rights Day. À mesure que les demandes d’interviews se multipliaient, la Verein observa une évolution dans l’approche des médias sur le sujet, peinant parfois même à trouver suffisamment de membres anglophones pour répondre à une demande internationale. Parallèlement à cela, l’association fournit son soutien aux Danois ainsi qu’aux Finlandais face à des propositions de lois similaires voulant interdire les contacts zoosexuels.

En ce qui concerne l’Allemagne, il faudra attendre le 19 février 2016 pour en apprendre plus sur les conclusions de la Cour constitutionnelle. Le recours interjeté par les deux personnes zooes a été rejeté et la loi est maintenue. Face à ce qui apparait comme étant un échec, les journaux du monde entier relaient la nouvelle en annonçant le maintien de l’interdiction des pratiques zoosexuelles[8]. Toutefois, une lecture attentive de l’arrêt révèle que la Cour y explique que la règle énonçant qu’il est interdit « d’utiliser un animal pour commettre des actes sexuels pour soi-même ou de le dresser ou mettre à disposition pour les actes sexuels d’un tiers et ainsi de le contraindre à des comportements contraires à son espèce » doit s’interpréter en ce sens que ne sont illicites que les comportements impliquants l’usage de la contrainte ou d’une autre forme de pression comparable à l’usage de la force physique[9]. Cette loi protège donc les animaux des abus sexuels sans porter atteinte à l’autodétermination sexuelle des zoophiles qui peuvent échanger des moments intimes avec leurs partenaires nonhumains si ces derniers le désirent.

Pour conclure, comme nous avons pu le voir, si la création de la ZETA Verein a d’abord été frappée par le rejet des tribunaux de lui reconnaitre une existence légale, la controverse suscitée permit à la jeune association de se faire connaître. Néanmoins, un vent de haine de la part d’une minorité très virulente frappa violement les membres ouvertement zoophiles qui durent traverser plusieurs années extrêmement difficiles. Avec le temps, leur courage pu payer et le sujet gagna peu à peu l’intérêt des médias qui cherchèrent à comprendre notre sexualité et à rompre avec certains préjugés. Enfin, grâce à une action coordonnée de plusieurs membres et à un système politique favorable, le recours abstrait en matière constitutionnelle offrit une possibilité aux zoos de faire valoir leur droit et de mettre fin à une loi scélérate. À l’heure actuelle, Michael Kiok se montre confiant sur l’avenir des zoos en Allemagne et pense que le mouvement anti s’est pour l’instant essoufflé.

  1. Une chronologie précise des évènements et une liste des arrêts sont disponibles sur : KIOK Michael, Chronik der Nicht-Eintragung, Blog des ZETA Verein, 1er janvier 2013. https://blog.zeta-verein.de/2013/01/chronik-der-nicht-eintragung/
  2. TIGERLILY, Zoos4Zoos – das Märchen der deutschen TiersexBauernhöfe, ZETA Verein Blog, 15 janvier 2012. https://blog.zeta-verein.de/2012/01/zoos4zoos-das-marchen-der-deutschen-tiersex-bauernhofe/.
  3. Pour quelques exemples : KIOK Michael, Fan Post & Fan Post #2, Zeta Verein Blog, 21 janvier & 11 février 2012. https://blog.zeta-verein.de/2012/01/fanpost/ ; https://blog.zeta-verein.de/2012/02/fanpost-2/
  4. ATHABA, Demokratie à la Tierrechtler, ZETA Verein Blog, 8 avril 2012. https://blog.zeta-verein.de/2012/04/demokratie-a-la-tierrechtler/
  5. BEUTH Patrick, Bürgerbeteiligung im Netz mit fragwürdigen Ergebnissen, Zeit Online, 13 avril 2012. https://www.zeit.de/digital/internet/2012-04/dialog-fuer-deutschland-ergebnis-manipulation/komplettansicht#print.
  6. MEYER Katharina, Gibt es Tierbordelle in Deutschland ?, Badische Zeitung, 28 Septembre 2012. [1]
  7. Voir notamment : THEILE Charlotte, Ehemaliger Verfassungsrichter Hassemer zum Zoophilie-Verbot : « Nicht alles Widerliche verdient staatliche Strafe », Süddeutsche Zeitung, 13 décembre 2012. https://www.sueddeutsche.de/politik/ehemaliger-verfassungsrichter-hassemer-zum-zoophilie-verbot-nicht-alles-widerliche-verdientstaatliche-strafe-1.1548925.
  8. Voir notamment : MORTIMER Caroline, German court upholds ban on bestiality, ruling it does not violate the right to « sexual self-determination », The Independent, 19 février 2016. https://www.independent.co.uk/news/world/europe/german-court-upholds-ban-on-bestiality-ruling-it-does-not-violate-the-right-tosexual-selfdetermination-a6884216.html.
  9. BVerfG, Bleschluss der 3. Kammer des Ersten Senats vom 08. Dezember 2015 – 1 BvR 1864/14, Rn 1-15, publiée le 18 février 2016.https://www.bundesverfassungsgericht.de/SharedDocs/Entscheidungen/DE/2015/12/rk20151208_1bvr186414.html.