Animal Cross - Conférence du 9 septembre 2021 - Dominique Autier-Dérian

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Retranscription

Je m'appelle Dominique Autier-Dérian, je suis vétérinaire comportementaliste, et je suis également éthologue, qui est la science du comportement animal.
Cela fait près d'une vingtaine d'années que je m'intéresse aux questions suivantes :
Qu'est ce qu'une maltraitance animale ?
Où commencent une maltraitance animale ?
Où placer les limites ? et dès lors qu'on a placé ces limites, quels sont les signes qui permettent de détecter une maltraitance chez un animal, quelle que soit son espèce, et quelles sont les similitudes qui existent entre les maltraitances commises envers les animaux et celles commises envers les humains ?

Ce sont ces sujets que je développerai dans mon exposé pour lequel, plutôt qu'un titre, j'ai préféré mettre une image qui est apparemment sympathique et encourageante, je dirais, mais qui en réalité cache une réalité clinique, vétérinaire, très différente.

Dans les textes réglementaires de la protection animale française, le terme de maltraitance animale n'est pas utilisé comme tel.

Ce sont finalement les actes qui sont qualifiés, qui sont précisés. 
Cependant, en médecine vétérinaire, et bien d'autres auteurs scientifiques depuis, ont appliqué aux animaux la classification des maltraitances qui était utilisée déjà depuis une vingtaine d'années en médecine pédiatrique, donc en médecine humaine infantile.

Les maltraitances, donc, en vétérinaire se classent en quatre catégories: 
* les négligences
* les abus physiques
* les abus sexuels (qui sont des abus physiques mais qui sont classés à part) 
* les abus psychologiques
Alors comme je vous l'ai dit, il y a une très abondante littérature scientifique qui s'est développée: sur l'écran, le livre vraiment très important des Munro (Animal Abuse and Unlawful Killing) et puis ensuite le développement de la médecine forensic vétérinaire, c'est à dire la médecine légale vétérinaire, et là il y a énormément de littérature scientifique à ce sujet.

Alors pourquoi classer ? parce que effectivement ça permet de savoir comment détecter les signes de maltraitance pour, bien sûr, en mesurer les conséquences sur l'homme, voir  pour en mesurer les conséquences sur l'animal, voir sur l'homme et puis pour apporter aux magistrats les éléments pour vraiment pouvoir apporter des preuves tangibles sur ces cas cliniques.

Donc je reviendrai pas sur les statistiques, les enquêtes et des cas d'abus sexuels sur les animaux, je vais simplement citer l'exemple qui s'affiche à l'écran, parce que il s'agit de la première enquête, à ma connaissance, vétérinaire qui a été faite sur le sujet de maltraitance animale.
C'est une thèse que je suis fière d'avoir initiée et encadrée avec le professeur Denise Rémy.
Donc c'est la thèse de Marine Douquet, qui date de 2011, vous voyez que c'est assez tardif finalement comme qualification des maltraitances animales en médecine vétérinaire donc, en France.

Et vous voyez que les abus sexuels ont quand même, par rapport à l' enquête qui avait été faite auprès de 228 vétérinaires, une importance significative.
Donc vous trouverez toutes les réponses à l'occurrence des abus sexuels par une revue de littérature qui a été fait pour notre consœur Marjolaine Bardon dans la thèse qui s'affiche à l'écran.

Donc, quant à la question de où commencent une maltraitance, ou placer les limites, il y a quelque chose d'extrêmement important en droit français, qui est la notion d'intentionnalité : on dit qu'il n'y a pas de délits, de crimes et délits, y a pas de crime dans les sanctions de maltraitance chez l'animal, on dit qu'il n'y a pas de de délits, pardon pour le lapsus, sans intention, sans intentionnalité, sans intention de le commettre.

Donc tout ça pour dire que pour ce qui est des négligences et des abus psychologiques, les limites sont parfois difficiles à placer, en termes de maltraitance animale et par compte, pour les actes physiques violents et pour les abus sexuels, il y a aucune ambiguïté, on reviendra là dessus. 
Pour les magistrats tous les abus sexuels qui sont commis ... tous les actes sexuels, toutes les pratiques sexuelles avec les animaux, toutes pratiques sexuelles, qu'elles soient ou non accompagnées de violences physiques, doit être, et est considérée comme une maltraitance.

Je ne reviendrai pas dessus ... par les autres intervenants donc c'est toutes les pratiques sexuelles diverses et variées qui vont du voyeurisme jusqu'à des pratiques beaucoup plus précises, qui sont sans ou avec violence physique, mais qui sont, quoi qu'il en soit, et je vais vous le démontrer dans les diapositives suivantes, quoi qu'il en soit toujours associées avec une certaine forme de contrainte, donc une certaine forme de violence psychologique.

Donc pour les espèces animales, idem, les espèces "les plus utilisées" pour les pratiques sexuelles sont le chien, le cheval et puis d'autres espèces alors des espèces extrêmement variées, de même façon je ne reviendrai pas sur la variété des espèces utilisées pour ces pratiques, qui utilisent des espèces d'ailleurs autres que des mammifères dans certains cas.

Vous pourrez trouver tout ça notamment dans la thèse de Marjolaine Baron, mais ce qui est l'objet finalement de mon intervention aujourd'hui c'est quels sont les signes évocateurs de maltraitance et donc quelles sont les conséquences finalement de ces actes sexuels sur les animaux, et quand il y a des conséquences à évaluer, elles vont l'être à la fois à court et à long terme, et il va falloir évaluer ces conséquences sur l'animal, sur les autres animaux qui sont potentiellement présents dans le foyer, sur des personnes humaines proches de l'animal, présentes et sur les autres entourages humains plus ou plus ou moins proche.

Mais aujourd'hui je m'intéresserai uniquement aux conséquences sur l'animal, les autres m'intéressent également, mais c'est celle que je voulais vous présenter aujourd'hui.

Alors quelles conséquences de ces pratiques sexuelles, d'ailleurs qu'elles soit ou pas associées par des violences physiques et pour commencer je voudrais déjà vous préciser les cas dans lesquels tout ça s'opère, pour bien comprendre les conséquences.

Le fait qu'un animal soit attiré par l'homme, spontanément, ne peut être que le fait soit d'un trouble du développement, c'est à dire que l'animal va se développer pendant sa période juvénile dans des conditions qui ne sont pas conformes à un développement  psychologique harmonieux et donc à l'âge adulte, cet animal va être attiré par d'autres espèces, par différents phénomènes dits d'imprégnation par exemple.

Dans tous les cas, les animaux qui présentent cette attirance ont d'autres troubles associés, alors sur lesquelles j'ai pas le temps de revenir aujourd'hui lors de cet exposé, mais je suis à votre disposition pour le faire dans d'autres conditions.

Donc ça va être des troubles très sévères qui peuvent être assimilable par exemple a des toc chez l'homme. 
Dans d'autres cas, lorsque les animaux finalement vont être attirés par des pratiques sexuelles avec l'homme, et bien c'est fait de conditionnement, c'est à dire c'est le fait d'humain qui aura encouragé ça par une forme ou l'autre de conditionnement, avec des renforcements positif, c'est à dire que la personne qui aura conditionné son animal va récompenser l'animal ne serait ce que par son propre comportement bienveillant envers l'animal et ce comportement qui va être récompensant vis-à-vis de l'animal par le simple fait de soit le récompenser avec des récompenses alimentaires soit par des caresses etc
Donc quoi qu'il en soit, il existe toujours une forme de contrainte lors de pratiques sexuelles avec des animaux qui ont été entrainés à ça et il y a dans tous les cas, je peux en témoigner par ma pratique vétérinaire comportementaliste, il y a très souvent une interprétation qui est faite de ces pratiques sexuelles. 

Des femmes qui embrassent un animal donc là effectivement c'est un acte sexuel de la part d'une femme, lorsqu'on voit effectivement un chien qui embrasse une personne bien ce n'est pas du tout d'une interprétation de nature sexuelle.
L'interprétation de ce comportement est totalement autre donc il faut faire attention chaque espèce son propre répertoire comportemental et bien souvent, enfin toujours il ya des erreurs d'interprétation de la part  des signaux comportementaux de l'animal en vers l'homme.

Ensuite effectivement par rapport à ces signaux on peut retrouver ces chevauchements qui peuvent arriver très très fréquemment et contrairement à ce que l'image à gauche laisse penser, ces  chevauchements non pas dans l'immense majorité des cas de connotation sexuelles: ils ont une autre  signification encore une fois j'ai pas le temps de revenir sur toutes ces interprétations, mais ... plusieurs espèces de mamiffères par exemple et qui encore une fois... et long terme donc dans les deux cas qu'il y ait ou pas des ... lorsqu'il les a contraints physiques encore une fois je peut vous renvoyer sur les travaux d'une consoeur vétérinaire, une thèse que nous avions encadrée aussi avec "Denise Remis" donc les travaux de d'Hélène Berthod sur toutes les lésions qui peuvent exister dans ce cas

Il y a une abondante littérature en médecine légale vétérinaire à ce sujet et il y a toujours associé des conséquences psychologiques sur l'animal.

Dans le deuxième cas, c'est à dire où il n'y a pas de violence physique aux pratiques sexuelles, il y a toujours à plus ou moins long terme des conséquences psychologiques qui sont de différents ordres.
J'en ai cité quelques-uns ici:  Il peut y avoir une forme d'hypersexualité avec du priapisme par exemple. 
Le priapisme c'est des érections qui sont prolongées et donc je peux vous citer le cas d'un animal qui se retrouvent avec des douleurs physiques causées par ce priapisme extrêmement sévère 

D'autres cas c'est justement des chevauchements intempestif, pour le coup là des chevauchements par rapport à des animaux qui ont été entraînés à des actes sexuels, donc des chevauchements de nature sexuelle, que l'animal va reproduire sur plusieurs autres animaux.

Donc il peut lui-même aussi se faire mordre parce que ces comportements dérangent les autres animaux et puis il peut devenir le même agressif parce que finalement il a un comportement inapproprié et il devient anxieux et il devient agressif.

Et ce que j'ai vu à plusieurs reprises, c'est des enfants qui étaient finalement victimes de ces chiens qui étaient entraînés, des enfants qui étaient chevauchée comme ça,  qui était lacérés, par les griffes du chiens et ça les autres personnes vulnérables, également des femmes, j'ai eu des cas, en pharmacité, de femmes qui avaient été également victimes de chiens qui, comme ça entraînés, les chevauchaient d'une manière intempestive

Donc comme je les dis quoi qu'il en soit il ya des troubles de la communication parce que finalement avoir des relations sexuelles avec un animal, qu'elles soient ou non violente, c'est accorder des prérogatives à un animal qui ne ne les comprend pas. Pour rappel, le canis familiaris, l'espèce canine par exemple est la première espèce qui a été domestiquée par l'homme, il y a plusieurs milliers d'années et tout au long de l'évolution, l'espèce a évolué conjointement à l'évolution humaine et donc s'est spécialisée d'une certaine mesure, mais en tous les cas il n'y a pas eu justement de spécialisation comportementale liée à des comportements sexuels et donc ces comportements ne font pas partie du répertoire comportemental de l'espèce canis familiaris alors qu'ils ont développé des comportements dût, justement, à la domestication mais pas ce type de comportement. 
Donc effectivement, le simple fait  d'entreprendre des comportements de nature sexuelle avec par exemple des chiens, finalement les perturbe et peut les rendre profondément anxieux à plus ou moins long terme.

C'est ça qui est compliqué, c'est que si l'anxieté n'apparaissent pas d'une manière sévère tout de suite, donc finalement les auteurs d'actes sexuels ne s'en rendent pas compte, et c'est plus tardivement que le chien devient anxieux avec en général une agressivité exacerbée qui est difficile à corriger et c'est vraiment des dommages qu'on va appeler durables.

Donc pour finir le lien entre les abus sexuels commis sur les animaux et sur les enfants, vous aurez de la part de plusieurs intervenants l'echo de très nombreuses études qui sont faites dans ce domaine là et qui montrent effectivement des liens de corrélation, sans forcément des liens de causalité, ils peuvent exister mais ils sont pas forcés, mais quoi qu'il en soit là et là je parle uniquement d'un aspect vétérinaire, il y a énormément de similitudes d'un point de vue clinique.

D'abord des similitudes du point de vue de la nature des pratiques sexuelles sur des individus animaux ou humains vulnérables, ensuite le profil des auteurs d'abus sexuels et notamment un profil social d'ailleurs et également du point de vue de leur justification.
Alors ces justifications peuvent être par exemple sur l'idée qu'ils font du bien aux animaux par exemple, en stimulant certaines zones tactiles sensibles qui apporte de la satisfaction aux animaux.

C'est un petit peu l'identique d'enfants qui serait comme ça masturbés de manière intempestive par des adultes, lesquels enfants développent de manière extrêmement tardive, des comportements déviants, donc encore une fois des effets qui peuvent être à plus ou moins long terme, avec un mal être qui est bien présent mais dont les signes psychologiques s'expriment très tardivement, c'est le principe des stress post traumatique par exemple .

Donc une autre justification c'est que j'ai vu à plusieurs reprises c'est l'idée ... complètement différement.
Ensuite le type de violence associée vraiment de très fortes similitudes.
Le type de lésions : on va retrouver chez les animaux ou le fait qu'il y ait une absence de lésions mais des troubles psychologiques que j'ai déjà décrit,  des facteurs de présomptions et puis les effets sur les animaux je les ai cité, avec jusqu'à l'euthanasie d'animaux qui sont soit trop abimés par les lésions qui ont été causées soit on a du les euthanasier parce qu'ils sont devenus trop agressif trop anxieux et que les troubles sont beaucoup trop ancrés pour pouvoir être réversibles pas des thérapies comportementales.

Si, encore une fois le cas d'enfants qui sont victimes de viols et qui déclarent des troubles psychologiques extrêmement tardivement. 

Donc effectivement c'est bien la fois le comportement del'animal et le comportement du détenteur de l'animal qui va amener à une suspicion et je laisse Anne-claire vous parlez du guide des maltraitances animal que l'association AMAH a permis de mettre en place, qui sera prochainement publié.

Donc voilà je ne reviendrai pas sur les multiples études qui a dans ce domaine là, je peux juste vous faire le témoignage de ma propre pratique dans ce domaine depuis bien avant déjà que j'étais vétérinaire comportementaliste, j'ai retrouvé des cas cliniques effectivement sur lesquels j'ai pu mettre en évidence certaines similitudes.

Pour finir, quatre points de conclusion.
La première conclusion c'est qu'il y a beaucoup d'erreurs d'interprétation de la part des personnes qui légitiment les actes sexuels envers les animaux et notamment on va avoir le fait de le légitimer par  tous les exemples qui existent dans les différentes cultures dans le monde avec des représentations même dans des bas reliefs qu'on va voir dans des églises, dans des temples de religion religion où comme on va voir dans l'image qui s'affiche sur l'écran que j'ai prise c'était en visitant un château dans la Loire, des représentations par exemple au moyen-âge où il ya des accouplements entre l'homme et l'animal ou des personnage mi-homme mi-animal l'interprétation elle est abusive dans la mesure où ces représentations sont finalement pour dénoncer ce qu'on appelait dans les époques précédentes la part d'animalité, la part de  bestialité qui existe en l'homme.
Donc c'était pour faire réfléchir sur ces sujets là et pas pour légitimer ces pratiques sexuelles.

Ensuite la conclusion 2 qui est très ferme : qu'il y ait ou pas violence associée aux pratiques sexuelles il y à un consensus unanime de la part de l'ensemble de la profession vétérinaire.
J'irai jusqu'à l'Europe je parle de ce que je connais c'est à dire que toutes les pratiques sexuelles avec les animaux doivent être considérées comme des abus sexuels et donc comme de la maltraitance animale et donc la fédération vétérinaire européenne a publié justement un texte, un position paper, une position très ferme des vétérinaires sur cette question là qui a été largement soutenue par l'ordre national des vétérinaires, par le snvel, par toutes les associations professionnelles, par toutes les écoles vétérinaires, par l'association des vétérinaires experts... Je n'en cite ainsi que quelques-uns qui sont les principales associations dans lesquelles je suis intervenue et puis bien sûr l'association AMAH.
Donc effectivement ne pas se méprendre par rapport à  ... que soit finalement là bonne intention des auteurs d'actes sexuels.

La conclusion n° 3 découle de source c'est que le vétérinaire est l'interlocuteur privilégié pour avoir effectivement un discours sans ambiguïté, pour travailler en lien avec tous les autres professionnels dans une démarche "une seule santé pour les hommes et pour les animaux".

Aussi parce que depuis depuis quelques temps on peut avoir une levée du secret professionnel dans le cas de maltraitance avérée mais que en règle quasi générale avant de dénoncer des pratiques sexuelles y a une communication qui va être fait avec les personnes à plusieurs reprises on m'a demandé "qu'est ce que je risque d'attraper" alors pas aussi clairement mai qu est ce que je risque d'attraper si je touche par là et ben les risques sont claires il y a des risques pour toute personne qui a des pratiques sexuelles avec des animaux notamment des risques infectieux, des risques d'infection, par des bactéries, par des virus, par des parasites et notamment les infections virales peuvent causer, comme c'est le cas pour plusieurs infections virales peut vous causez des cancers et le cancer du pénis, une des origines du cancer du pénis chez l'homme bien identifiée c'est effectivement les pratiques sexuelles avec les animaux. 

Je vous rappelle, où je vous apprends, que une souche du vaccin rage qui s'appelle la souche 'Flury' a été développée à partir de l'encéphale de mademoiselle Flury qui a été contaminée par par son chien lors de pratiques sexuelles, laquelle Mlle Flury est morte effectivement de rage.

Donc le vétérinaire est encore une fois là pour vous aider à interpréter le comportement de votre animal alors, n'hésitez pas à nous solliciter.

Et puis la dernière conclusion elle va dans le sens du colloque d'aujourd'hui c'est que plus que jamais l'animal est une sentinelle des maltraitances humaine et je me suis permis modestement de rappeler un article que j'avais publié avec un psychiatre "Philippe Raymondé" en 2007, donc vous voyez ça date, et qui disait très clairement que dans les cas de zoophilie le risque associé, donc encore une fois c'est un risque associé de pédophilie ne peut être écartée donc plus que jamais le dialogue est ouvert pour expliquer toutes ces questions là.

Je vous remercie et je laisse la place aux autres intervenants. Merci beaucoup.