Philosophie/Dressage, conditionnement, apprentissage
On entend souvent les opposants à la zoophilie parler de "dressage".
Ca nous fait souvent rire, mais au final on sait pas trop quoi répondre.
La zoophilie est-elle un dressage ? un conditionnement ? un apprentissage ?
Qu'est ce qui se cache derrière ces notions, et comment peut-on catégoriser les différentes activités de la société avec les animaux ?
Je vais essayer de vous transmettre ma réfléxion sur ces différents sujets.
Pour illustrer mes propos, je vais essayer de vulgariser en prenant pour exemples l'être humain, c'est à dire nous, comment nous sommes façonnés par la morale, par la société, par la loi.
L'être humain
Le conditionnement
Pour moi, et je le répète bien, pour moi, le conditionnement est le fait de prendre une habitude dans son comportement, sans se poser de question.
Il s'agit d'une mécanique très ancrée, tellement ancrée qu'on n'y prête plus attention.
La morale est un bon exemple chez l'être humain : toutes ces règles que la société nous rabat les oreilles, et finalement, agir contre ces réflexes acquis de force est source d'inconfort.
Laisser l'eau couler lorsqu'on se brosse les dents, laisser une lumière allumée alors qu'on sort de la pièce, jeter des déchets dans la nature, voler quelque chose au supermarché.
Essayez de voler même un tout petit truc dans un super marché, vous verrez que vous ne pourrez pas.
Pourquoi ? Essayez de vous demander pourquoi. Ce n'est pas juste "parce que c'est mal", parce que si vous prenez la décision de "vouloir essayer", vous verrez que vous aurez vite une réaction physique (stress, coeur qui bat plus vite, poussée d'adrénaline, sueur, etc).
Je rajoute un exemple qui parlera à tout le monde : essayez d'uriner en publique... C'est ça le conditionnement.
Le dressage
Le dressage implique le principe d'action / réaction, avec une réaction qui est, cette fois ci, faite de façon consciente, à un niveau moins profond que le conditionnement.
Lorsque vous êtes à l'école, et qu'on fait l'appelle, il faut répondre "présent". Quand on vous appel, vous allez répondre "Je suis là !".
C'est un phénomène qui a été appris, et qu'on répète parce qu'il faut le répéter.
Mais on ne le répète pas assez souvent pour avoir un réel conditionnement. On peut "ne pas faire l'action demandée", la réponse physique de notre corps ne sera pas aussi importante que dans le conditionnement.
On retrouve souvent cette notion chez les ados, chez qui les parents essaient de mettre en place certains réflexes. L'ado doit effectuer l'action demandée, mais peut refuser.
L'apprentissage
Si le conditionnement concerne plutôt les adultes et le dressage l'adolescent, c'est donc naturellement que l'apprentissage concerne l'enfant.
L'apprentissage est lié avec le développement du cerveau : on ne peut pas apprendre ce qui est trop complexe pour notre cerveau : on ne pourra pas apprendre à conduire à l'âge de 3 ans.
Chaque étape du développement du cerveau est lié à une catégorie de choses à apprendre.
Apprendre à apprécier la nourriture, l'alcool, le sport, la conduite, la drogue, le sexe, l'histoire, la géographie, la peinture, l'opéra.
L'apprentissage sous entend une activité encore inconnue pour l'individu.
Il y a normalement un accompagnement par ses paires ou par les ainés, dans la découverte, et donc l'apprentissage.
L'apprentissage peut se faire également en solitaire, comme le fait de courir avec ses lacets défaits peut nous faire tomber, ou approcher nos doigts d'une flamme peut bruler.
L'apprentissage est une étape très importante dans la vie de tout individu, car c'est cette étape que va se faire l'évolution de chaque individu.
Un individu qui n'apprend pas est un individu qui va végéter, ne pas évoluer.
L'apprentissage va permettre de faire découvrir l'inconnu, et chaque individu pourra évaluer cette nouvelle expérience avec ce qu'il connait déjà, de façon relative.
L'apprentissage de la nourriture est quelque chose de très intéressant à analyser : pourquoi quand on est petit il y a des aliments qui nous répugnent, et en grandissant, ces aliments nous attirent. Pourquoi certaines personnes aiment les fromages forts, d'autres les fruits de mer.
Pourquoi un chinois aura la même réaction face à un plateau de fromages qu'un français face à une chauve souris grillée ?
L'apprentissage d'une activité physique suit le même schémas : il y a un apprentissage dans la pratique d'un sport, ce n'est pas une activité vers laquelle un individu irait de façon spontanée.
Enfin, le sexe. Et c'est peut être le sujet le plus important dans nos sociétés où la morale est très présente.
Je me demande souvent comment un être humain découvre le sexe. C'est un champ presque mystique pour moi.
A quel moment un individu peut se dire attiré par quelque chose de sexuel ?
Je ne retiens ici que 2 étapes majeurs : celle où les enfants sont choqués par 2 adultes qui se font un bisous et celle où l'adolescent a sa première expérience sexuelle.
Il y a un fossé entre ces 2 étapes, et le passage de l'une à l'autre suppose un apprentissage.
La découverte d'une activité sexuelle fait appel à tous les sens (l'odorat, la vue, le touché, le gout, l'ouïe).
Encore une fois, chaque individu réagira différemment à la même expérience, et il n'y a pas de bon ou de mauvaise réaction face à cette découverte.
Mais je pense que tout le monde sera d'accord sur le fait que la sexualité nécessite un apprentissage, entre le moment "puceau" et "le père / la mère de famille" (je prends volontairement ici une caricature pour que tout le monde comprenne).
Suivant le pays, la civilisation dans laquelle vous vous placez, l'apprentissage de cette sexualité sera différente.
Il y a des peuples de pays africains, qui vivent sans vêtements, sans tabous.
Et il y a nos sociétés occidentales, où la pudeur est omniprésente, où une femme peut être condamnée parce qu'elle aurait montré un téton en publique.
Les animaux
On retrouve, au moins pour les animaux domestiques, qui ont donc un contact avec l'homme, ces 3 même étapes : apprentissage, dressage, conditionnement.
Comme je l'ai expliqué pour l'être humain, plus une étape devient une routine, plus on passe à l'étape d'après.
On va donc partir, pour les animaux, à un animal domestique, un chiot ou un chaton.
Pour ceux qui crient au scandale, parce que je compare ici des enfants et des animaux, je vous invite à écouter cette vidéo du "Joueur du Grenier", dont voici un passage :
L'apprentissage
Un chiot ou un chaton découvre la vie. Il est, au sevrage, adopté par sa nouvelle famille.
Il va y avoir l'apprentissage du déplacement, on va dire en voiture.
Déjà, cette activité sera analysée par le chiot ou le chaton, qui l'évaluera d'une façon positive ou négative (on va pas se le cacher, ça sera négatif ici : perte des repères, de la fratrie, des parents, d'un lieu connu).
Ensuite il y a l'apprentissage d'un nouveau lieu de vie, avec tout ce qui va avec : des objets inconnus qui font du bruit, une alimentation qui peut (ne doit pas mais peut) changer, des congénères, d'autres personnes humaines dans le lieu de vie, et un lieu de repos (une "place") qu'il faudra apprendre.
Beaucoup de choses donc à apprendre pour le chiot ou le chaton assez tôt dans sa vie. On ne fait pas forcément à ces étapes, mais pour les personnes que nous sommes, chacune de ces étapes est cruciales, peut être par anthropomorphisme.
On va donc avoir l'apprentissage des lieux de la maison : une pièce noire qui peut faire peur, un bruit d'aspirateur qui terrorise, le maitre doit apprendre à l'animal à comprendre ce que c'est : l'accompagner, le rassurer, lui montrer que finalement c'est inoffensif.
On trouvera aussi l'apprentissage des congénères : si il y a un chat dans le domicile, il va falloir apprendre au chiot c'est quoi cet étrange animal.
Il y a aussi l'apprentissage de la nourriture : inciter le chiot ou le chaton à manger la nourriture que le maitre aura choisi pour lui.
Une fois ces apprentissages faits, le maitre passera à la phase de dressage.
Le dressage
Voilà, votre chiot où votre chaton connait la maison, il mange ce que vous lui donnez, il n'a plus peur de l'aspirateur, il semble à son aise, on arrive au moment qui fait se remettre en question beaucoup de nouveaux adoptant : le dressage !
Sous ce terme barbare se cache en réalité une notion assez simple, qui permet tout simplement de "vivre en harmonie" avec votre animal de compagnie.
Tout comme vous devez mettre en place des règles pour vos enfants, vous devez mettre en place des règles (souvent les même) pour vos animaux de compagnie / domestiques.
Si vous l'appelez, il doit répondre. On parlera, pour les chiens, d'apprentissage du rappel.
Activité inconnu pour l'animal, il va devoir apprendre que lorsqu'on l'appel, il doit répondre / venir.
De façon à avoir un principe d'action / réaction, il faut que l'animal ait une raison de le faire.
Chez un ado, c'est souvent par renforcement négatif : on va lui faire remarquer qu'il doit répondre, de plus en plus sèchement, jusqu'à la phase du "Ho !!! tu réponds quand on t'appelle !?".
Pour un animal domestique, typiquement le chiot, on peut mettre en place une réprimande (ne vous offusquez pas, c'était et c'est encore très pratiqué de nos jours, bien sûr ça nécessite un sujet de philosophie dédié, on va juste dire que, non, on n'éduque pas un animal en le réprimandant) ou une action qui va provoquer du plaisir à l'animal (typiquement, un bout de knacky pour l'apprentissage du rappel).
On parlement, vous devez le savoir, de renforcement positif (génère du plaisir) ou négatif (génère de la peur).
Autre apprentissage connue, qui donne de la sueur à bon nombre de nouveau adoptant : l'apprentissage de la propreté (ici encore on peut faire le parallèle avec les enfants)
De base, un chiot ou un chaton n'est pas propre, il faut lui apprendre que la propreté est générateur de positif, et le non respect est générateur de négatif.
Certaines personnes enseignent encore qu'un chiot pas propre, on lui trempe le nez dans son urine... Un peu barbare pour certains, c'est quand même mieux de lui apprendre que c'est mieux d'aller dehors ou dans sa litière.
L'exemple ultime de l'apprentissage chez les animaux, celui qui parlera à tout le monde, c'est l'apprentissage du "donne la patte".
On demande au chiot de donner la patte, verbalement ou par un geste, on l'entraine à le faire, et on le récompense avec une friandise.
Le conditionnement
Enfin, comme l'être humain, un dressage qui est répété de façon quotidienne devient un réflexe, le cerveau de l'individu ne lutte plus, pire encore, aller contre cette habitude est source d'inconfort.
Un exemple que l'on peut retrouver dans nos activités sexuelles avec un chien, c'est le chien qui refuse de grimper une personne.
La plupart des maitres va apprendre à son chien de ne pas sauter sur les humains (par sécurité, propreté, respect, etc).
Lorsqu'un chien est content, ou excité (par exemple lorsque son maitre revient à la maison après une journée de travail), le chien va exprimer sa "joie" par différentes manières : aboiement et gestuelle. Il va courir et avoir le réflexe de sauter sur son maitre, de façon joyeuse.
Là, dressage, on sort le mot interdit : "NON !" (interdit en éducation dite "positive") avec la grosse voix.
Au fur et à mesure des jours, le chiens ne sautera plus sur son maitre.
Ce dressage sera tellement ancré chez le chien qu'il ne sera presque plus possible de faire machine arrière.
Qui ne s'est jamais retrouvé devant un chien, qui a envie d'avoir un rapport sexuel avec un être humain, mais qui ne fait que tourner autour, parcqu'il a été conditionné à ne jamais sauter sur un humain, encore moins le chevaucher ?
Chez certains chiens, avec de l'accompagnement et de la patience, il est possible de faire machine arrière, un peu comme on pourrait inciter un être humain à voler dans un magasin.